Tout savoir sur l’extraction de sable en mer
Le sable est utilisé à de nombreuses fins. Mais d’où provient-il exactement ? Jusque dans les années 60, le sable était principalement extrait dans les terres. Mais cette méthode comportait plusieurs inconvénients, tant pour la nature que pour l’homme. Pensez, par exemple, aux nuisances sonores, à la poussière et à la circulation des camions. C’est pourquoi cette méthode d’extraction a progressivement fait place à l’extraction en mer. Certaines zones ont été jugées propices. Désormais, les sociétés d’extraction peuvent obtenir une autorisation de concession pour y extraire du sable. Comment cela fonctionne-t-il en pratique ? Comment l’extraction est-elle gérée ? Qu’en est-il de notre approvisionnement en sable et à quelles fins ce sable est-il utilisé ? Pour tout savoir, parcourez nos 7 questions et réponses.
A quelles fins utilise-t-on le sable marin ?
Le sable marin est utilisé, d’une part, dans le secteur de la construction et, d’autre part, pour la protection du littoral belge.
Au départ, l’industrie de la construction hésitait beaucoup à utiliser le sable marin en raison de la présence de fragments de coquillages et de sel. Actuellement, 75 % du volume extrait est déjà exploité dans le secteur de la construction. Il est principalement utilisé pour la production de béton, d’asphalte et de mortier.
Mais le sable joue également un rôle non négligeable dans la protection de notre côte en cas de tempêtes. Ainsi, du sable est pulvérisé sur les plages des zones à risque afin qu’elles soient suffisamment larges et hautes pour protéger la côte des inondations lors de très fortes tempêtes. Si la plage est malgré tout endommagée et que les zones tampons ont partiellement disparu, comme lors du passage de la tempête Ciara, un réensablement est effectué afin de réparer ces barrières.
Quelle est la composition du sable marin ?
Le sable marin belge est essentiellement constitué de particules minérales provenant de l’érosion des roches et de particules d’origine organique telles que les fragments de coquillages. Le vent et les fleuves déposent les particules minérales au fond de la mer du Nord. Les vagues et les courants marins les mélangent ensuite lentement aux fragments de coquillages faisant ainsi apparaitre des bancs de sable sous la surface de l’eau. C’est là que les navires de dragage procèdent à l’extraction.
Où peut-on extraire du sable en mer ?
L’extraction de sable a lieu dans certaines zones de la partie belge de la mer du Nord. Celle-ci a une superficie totale de 3.477 km² et s’étend sur toute la longueur de la côte (67 km). La profondeur varie entre 0 et 55 mètres. Dans ce secteur se trouvent différents bancs de sable pouvant atteindre plusieurs dizaines de kilomètres de long, quelques kilomètres de large et jusqu’à 20 m de haut. En concertation avec les différents partenaires, cinq zones légales ont été délimitées pour l’extraction de sable.
Quels types de sable sont extraits en mer ?
La qualité et la diversité du sable dépend du banc de sable d’où il provient. Chaque banc de sable a en effet une distribution granulométrique et une teneur en coquillages différentes.
Trois types de sable se distinguent systématiquement dans ces zones :
- le sable très fin utilisé comme sable d’appoint et pour la production d’asphalte ;
- le sable fin pour la production de mortier, de béton et d’asphalte, utilisé aussi comme sable de drainage et pour la maintenance des plages ;
- le sable grossier moyen pour la production de béton.
Comment se déroule l’extraction de sable ?
Le sable est extrait avec une drague à élinde traînante. Il s’agit d’un navire de dragage qui peut aspirer au moyen de grosses pompes le sable, l’argile, la vase et le gravier présents au fond de la mer. Pendant le dragage, un tube (élinde) traîne sur le fond, tel un aspirateur. Si la tête est trop éloignée du fond, elle aspire uniquement de l’eau. En la laissant descendre, on peut ainsi régler le mélange sable et eau. Une drague à élinde traînante stocke la matière aspirée dans son propre vivier. Elle se décante et l’eau qui reste coule par-dessus bord.
Reste-t-il suffisamment de sable ?
En 2019, 16 navires ont été déployés pour l’extraction de sable et de gravier en mer. Au total, ils ont extrait 3,5 millions de m³ de sable :
- 55 % du sable a été déchargé dans les ports belges,
- 15 % a été utilisé pour la maintenance des plages et
- 30 % a été exporté à l’étranger (Pays-Bas, France et Royaume-Uni).
Pour veiller à maintenir une quantité suffisante de sable, une réglementation stricte a été mise en place. Ainsi, une entreprise d’extraction de sable marin doit disposer d'une autorisation de concession. Celle-ci fixe la période et les zones d’extraction autorisées. Le ministre de l’Economie détermine annuellement le volume d’exploitation maximal autorisé par concessionnaire. La profondeur de la zone d’extraction est définie pour toutes les zones et concessions au moyen de cartes établies sur la base d’un niveau de référence. Ces cartes indiquent pour chaque zone les volumes disponibles de sable et les endroits où l’impact sur l’environnement reste suffisamment limité pour permettre l’extraction. Dans ce cadre, nous avons fortement restreint les lieux d’extraction cette année. Ainsi, nous répondons à la réglementation européenne très stricte en matière d’environnement tout en garantissant une quantité de sable suffisante pour le secteur de la construction et la protection de la côte pour les prochaines décennies.
Quel est le rôle du SPF Economie dans ce domaine ?
Les collaborateurs du service Plateau continental sont responsables de la gestion durable de l’extraction de sable dans la partie belge de la mer du Nord. Ils délivrent et prolongent les permis de concession nécessaires aux entreprises qui veulent extraire du sable marin. Ils veillent aussi à la gestion quotidienne des concessions (traitement et contrôle des quotas d’extraction, facturation, contrôle et suivi des infractions à la législation...).
Sur la base de toutes les données économiques et scientifiques, ils recommandent à la Commission consultative « Sable » les zones et les volumes d’extraction et en assurent le suivi. Outre les contrôles d’extraction de sable, ils examinent aussi les conséquences de l’extraction sur le milieu marin. Dans ce contexte, des campagnes de mesures sont organisées annuellement à bord des navires de recherche RV Belgica et RV Simon Stevin. Ils scannent le fond marin et analysent de manière régulière la qualité du sable pour mesurer l’impact de l’extraction et s’assurent d’en limiter les conséquences.
Envie d’en savoir plus ? Retrouvez deux brochures explicatives sur l’extraction de sable et de gravier sur notre site internet.