IA dans les entreprises : la Belgique dans le peloton de tête
La transformation numérique en Belgique prend une nouvelle dimension, selon la deuxième édition du Belgian Digital Economy Overview du SPF Economie. L'adoption de l'intelligence artificielle en entreprises et l’e-government progressent en Belgique, laquelle surpasse de nombreux pays européens. Le déploiement de la fibre et de la 5G restent toutefois des défis à surmonter.
En 2023, 12,5 % des PME belges utilisaient au moins une technologie basée sur l’intelligence artificielle (IA). Il s’agit d’une hausse de 3,2 points de pourcentage par rapport à 2021. Ce chiffre grimpe à 47,9 % pour les grandes entreprises, soulignant une adoption accélérée au sein des organisations de plus grande taille. La Belgique surpasse ainsi de nombreux pays européens dans ce domaine.
C’est l’un des principaux constats posés dans la 2e édition du Belgian Digital Economy Overview, publié ce 2 décembre par le SPF Economie.
Cette progression reflète un mouvement global d’intégration de l’IA mais aussi d’autres technologies numériques avancées au sein des entreprises. C’est le cas notamment du Big Data avec 35,5 % des entreprises belges qui exploitent déjà des données provenant de diverses sources, renforçant leur compétitivité sur le marché international.
Le manque d’expertise au sein de l’entreprise semble être l’obstacle majeur à l’utilisation de l’IA. Le coût, l’incompatibilité avec les équipements, logiciels et systèmes existants, ainsi que la disponibilité et la qualité des données nécessaires, sont également reconnus comme des obstacles à l’utilisation de l’IA dans les entreprises en Belgique. Peu d’entreprises déclarent ne pas utiliser les technologies de l’IA parce qu’elles ne les trouvent pas utiles.
Sans surprise, la corrélation entre l’utilisation de l’IA et la taille de l’entreprise est très claire : 47,9 % des grandes entreprises utilisent l’IA, contre seulement 10,6 % des petites entreprises.
La taille, facteur déterminant
De manière générale, il existe une forte corrélation entre la taille des entreprises et leur intensité numérique.
L’intensité numérique est mesurée selon le degré d’utilisation de douze technologies par les entreprises, en fonction de leur taille. Parmi ces technologies, citons par exemple :
- l’utilisation d’internet par plus de 50 % du personnel ;
- le fait d’employer des spécialistes des TIC ;
- le fait de disposer d’une vitesse de connexion internet fixe d’au moins 30 Mb/s ;
- l’organisation de réunions à distance ;
- l’utilisation de robots industriels ou de service.
Alors que la majorité des petites entreprises ont une intensité allant de très faible à faible (62,6 %), 86,9 % des grandes entreprises ont une intensité numérique allant d’élevée à très élevée.
L’e-Belgique en bonne voie
81,78 % des individus utilisent les sites web ou les applications des services publics. Pour cet indicateur, la Belgique (81,78 %) obtient un score supérieur à la moyenne de l’Union européenne (UE27) (69,28 %) et à celui de l’Allemagne en 2023, mais inférieur à celui de la plupart des pays voisins : Pays-Bas, Luxembourg et France.
Par ailleurs, en 2023, 69,05 % des citoyens belges ont utilisé l’internet pour interagir avec le gouvernement. 54,65 % des citoyens ont reçu une communication officielle du gouvernement via l’internet. Ce chiffre est bien supérieur à la moyenne européenne (36,65 %), à celui de la France (40,75 %) et à celui du Luxembourg (50,9 %), mais il est inférieur à celui des Pays-Bas (72,26 %).
Par comparaison avec la moyenne de l’UE27, les internautes belges sont plus enclins à utiliser l’administration en ligne. La réception de communications officielles est l’activité la plus courante chez les internautes belges, alors que le téléchargement de formulaires officiels est l’activité la plus courante dans l’UE27.
La fracture numérique se résorbe
Ces bons indicateurs confirment que la fracture numérique a tendance à se résorber globalement en Belgique, même s’il subsiste un différentiel important avec des pays comme le Luxembourg et les Pays-Bas.
En 2023, 93,6 % des individus établis en Belgique ont ainsi utilisé régulièrement internet (au moins une fois par semaine). Il s’agit d’une légère hausse de 0,6 point de pourcentage par rapport à 2022. Par comparaison, la moyenne de l’UE27 s’établit à 90,3 %.
La Belgique obtient globalement de meilleurs résultats que la moyenne de l'UE en matière de compétences numériques, qu'il s'agisse de compétences restreintes, faibles, de base ou avancées. Notre pays est légèrement distancé par ses voisins luxembourgeois et allemands pour les compétences de base. En revanche, l’écart se creuse nettement, particulièrement par rapport aux Pays-Bas, pour les compétences avancées.
Fibre et 5G : les points faibles
Malgré ces progrès, des lacunes subsistent, notamment dans la couverture de la fibre optique (FTTP) et le déploiement de la technologie 5G, où la Belgique accuse un retard par rapport à ses voisins.
Les prévisions restent toutefois optimistes : 50 % des foyers devraient être connectés à la fibre d’ici fin 2025.
Le futur : l’intégration des technologies émergentes
Le Belgian Digital Economy Overview consacre désormais un chapitre à des innovations technologiques ou à des infrastructures numériques émergentes qui deviennent de plus en plus essentielles pour le fonctionnement de l’économie numérique.
L’édition 2024 met le focus sur les technologies quantiques. En investissant dans les compétences spécialisées et en augmentant les financements publics et privés, la Belgique peut renforcer sa position dans ces domaines stratégiques.
L’informatique quantique est le domaine des technologies quantiques ayant le plus grand potentiel de marché. Elle devrait provoquer des changements majeurs dans d’autres secteurs. La taille de son marché interne est estimée entre 45 milliards (scénario prudent) et 131 milliards (optimiste) en 2040.
Le Belgian Digital Economy Overview du SPF Economie est articulé autour des quatre grands objectifs thématiques du programme de la Décennie numérique de l’Europe (business, infrastructure, compétence, e-government). Il est complété d’un chapitre sur une technologie émergente, l’informatique quantique. Il dresse de manière claire et illustrée le panorama et les principaux enjeux du numérique en Belgique, sur la base des statistiques officielles disponibles les plus récentes.